Élevage et entretien des cloportes
Cloporte ou Isopode ? Insecte ou Crustacé ?
Les cloportes, Oniscidea, isopodes terrestres, porcellions, ou encore cochons de St Antoine, constituent un sous ordre de crustacés affranchis du milieu aquatique.
Ce ne sont donc pas des insectes, bien qu'ils fassent partie de l'embranchement des arthropodes (l'Homme est plus proche du requin que les cloportes des insectes !).
Ils ont conservé leurs branchies mais se sont tellement bien adaptés à la vie terrestre qu'ils ont colonisé tous les milieux (sauf les régions polaires). Il existe même des cloportes désertiques.
Espèces et mode de vie
Il en existe plus de 4000 espèces connues dont 218 en France (la majorité appartiennent aux familles des Porcellionidae et des Armadillidiidae). Bon nombre des familles de cloportes sont présentes sur tous les continents, ce qui signifie qu'ils devaient être présents avant la dislocation des continents, et même bien avant puisque leur émergence est estimée à -350 millions d'années.
Les cloportes sont des animaux détritivores. Cela signifie qu'ils se nourrissent de matières organiques en décomposition (voir Alimentation). Ils apprécient les endroits humides et sombres dans lesquels la nourriture est abondante : souches d'arbres morts et compost sont donc leur lieu de prédilection, mais vous pouvez aussi en trouver dans les caves, sous les pots de fleurs....
Humidité
Leur dépendance à l'humidité est liée à la respiration branchiale : les branchies doivent rester toujours humides. L'humidité nécessaire est très variable selon l'espèce de cloporte : les espèces cavernicoles (comme les Cubaris par exemple) ont besoin d'une plus forte hygrométrie, alors que des espèces méditerranéennes sont plus résistantes à des taux bas voire très bas d'humidité.
Diverses espèces (collection personnelle).
Comment savoir si l'humidité est bonne chez mes cloportes ?
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Avoir des cloportes dans un terrarium planté permet à la fois de garder une bonne humidité grâce au cycle de l'eau permis par les plantes, mais aussi d'entretenir les plantes, puisque les cloportes transforment les matières organiques en engrais naturel, et aèrent le sol en y creusant des trous !
Pour en savoir plus : voir l'onglet "Un terrarium bioactif ?"
Alimentation
Détritivores, les cloportes se régalent de toutes les matières organiques en décomposition. Leurs aliments principaux sont les feuilles mortes et le bois mort : ces deux ingrédients doivent donc absolument être présents dans leur environnement, sous forme entière ou broyée.
Un petit morceau de fruit ou de légume peut être donné occasionnellement (une fois par semaine en faisant attention aux pesticides), et retiré après 48h environ pour éviter l'apparition de moisissures dans l'environnement.
Les cloportes peuvent s'attaquer aux plantes vivantes, ou plutôt les goûter, car ils s'en lassent vite la plupart du temps. Si ce comportement persiste, proposez leur un morceau de bois mort, de fruit ou de légume et, augmentez la quantité de feuilles mortes au sol.
Dans la nature, les cloportes sont aussi des animaux opportunistes, et peuvent se nourrir de petits insectes morts tombés au sol par exemple. Il est intéressant de reproduire ces apports protéiques occasionnels en captivité : l'aliment le plus souvent utilisé pour cela sont les paillettes pour poisson ou encore les Gammarus pulex séchés (qui se trouvent au rayon de l'alimentation pour tortue).
Armadillidium klugii mangeant des paillettes pour poisson.
L'apport en minéraux, et notamment en calcium est également à prendre en considération. A l'extérieur, les cloportes ont accès à une grande diversité d'aliments permettant de satisfaire leurs besoins en calcium. Mais en captivité cet apport peut être insuffisant. Il est donc recommandé de leur laisser une source de calcium à disposition : les cloportes raffolent des os de seiche, mais un morceau de calcaire (pour les espèces originaires des grottes), des coquilles d'œufs broyées ou du calcium en poudre peuvent tout à fait convenir.
Éclairage
Les cloportes aiment la pénombre : la plupart des espèces sont nocturnes ou crépusculaires. Pour vivre heureux, il faut qu'ils puissent fuir les lieux trop éclairés ! Cela signifie donc deux choses :
1• Les cloportes n'ont pas besoin d'éclairage spécifique. Garder leur terrarium dans une pièce comportant une fenêtre (même lointaine, équivalent à environ 100-200 lux) suffit à reconstituer le rythme jour / nuit, important pour leur rythme de mues et leur reproduction.
Attention : un bon éclairage est toutefois nécessaire si leur terrarium contient des végétaux (un éclairage de 12 à 14h par jour dans des spectres allant de 4000°K à 6500°K est recommandé pour la majorité des plantes de terrariums). Ce qui nous amène au deuxième point, essentiel au bien être des cloportes, surtout dans un terrarium éclairé :
2• Les cloportes ont besoin de cachettes ! Cela peut être un morceau d'écorce, de liège, un morceau de mousse… peu importe tant qu'ils ont un recoin où se cacher. Ils pourront toujours s'enterrer s'ils sont gênés par un éclairage trop fort, mais il ne faut pas qu'ils passent leur vie sous terre. Dans leur cachette, ils présenteront un comportement d'agrégation : se coller les uns contre les autres est important chez les cloportes, puisque cela favorise le maintien de l'humidité autour de leurs branchies. L'agglutination est une de leurs adaptations à la vie sur terre !
Armadillidium klugii se cachant sous une écorce.
Cycle de vie
Les cloportes vivent en moyenne 2 à 3 ans.
Alimentation
Leur croissance est lente. La maturité sexuelle est atteinte en 6 à 12 mois. Les cloportes ne grandissent pas progressivement, car leur enveloppe externe est rigide, mais par mues successives. Dans des conditions optimales, la mue se fait une fois par mois. Pendant ce processus, le cloporte se détache de son enveloppe externe qui se scinde en deux au niveau de la moitié du corps. La partie postérieure est retirée la première (comme un pantalon): c'est l'exuviation postérieure, puis c'est le tour de la partie antérieure (comme un t-shirt).
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La différentiation sexuelle se fait autour de la 4ème mue.
C'est après l'exuviation antérieure que le cloporte est le plus fragile, car sa nouvelle enveloppe externe n'est pas entièrement consolidée et il ne peut ni bouger ni se nourrir le temps de la consolidation.
Porcellio laevis à côté de son exuvie postérieure.
Dans la nature, les cloportes présentent une reproduction saisonnière : l'allongement de la photopériode et l'augmentation de la température stimulent l'entrée en reproduction. En Europe : cette période va de mars à octobre. Dans un milieu très tamponné (c'est à dire présentant peu de variations) comme une boite d'élevage, la reproduction peut avoir lieu toute l'année.
Après maturation ovarienne, la ponte s'effectue directement dans le marsupium, qui est une cavité présente ventralement chez les femelles. Le nombre d'ovocytes pondus dépend de l'espèce et de la taille de la femelle (plus la femelle est grande, plus sa fécondité est élevée). Dans les espèces couramment élevées en terrariophilie, la moyenne est de 4 à 20 œufs.
De ces œufs, éclosent des larves, appelées mancae qui vont incuber pendant encore un mois à l'intérieur du marsupium. Après cette durée, c'est enfin la mise bas, les mancas émergent du marsupium et sont alors appelés pulli. Les pullis ressemblent à des adultes miniatures et incolores.
Mancae dans le marsupium.
Crédit photo : Pierre Gros, Cagnes-sur-Mer, 31/05/2014
Lire aussi : Entretenir mon terrarium.
Source : François Lefebvre, Stratégies de reproduction chez les crustacés isopodes terrestres. Ecologie, Environnement. Université de Poitiers, 2002.
La règle d'or quand on a des cloportes est donc de créer une zone humide dans le terrarium ou la boite d'élevage. Un tapis de mousse naturelle ou de sphaigne est fréquemment utilisé pour cette zone humide, car les mousses retiennent bien l'eau : c'est l'endroit qu'il faut arroser. L'arrosage ciblé à l'aide d'une pipette d'eau est plus recommandé que la vaporisation, qui ne crée pas un aussi bon gradient d'humidité. En arrosant qu'un seul côté (celui de la mousse) on permet d'installer naturellement une différence d'humidité entre ce côté et l'autre de la boite qui reste sec. Les cloportes pourront ainsi choisir la zone qui leur convient le mieux. Attention toutefois à l'excès d'humidité qui peut être néfaste !